Un week-end de printemps idéal-typique au coeur du Saint-Empire romain germanique

 

      Avant cela, il y avait le froid, la pluie et la grisaille. L’humeur était certes à la fête, mais le moral n’était, avec le soleil, pas au beau fixe. La tristesse de nos jeunes amis avait atteint son paroxysme lorsque Clara et Sonia avaient dû quitter la ville pour obligation professionnelle – c’était en février. Julien, Marine et Caroline étaient alors demeurés seuls dans l’adversité. Puis il y a eu cette douloureuse – bien que temporaire – séparation, à la veille des vacances d’hiver. Chacun d’eux délaissa les autres près de deux mois durant, afin de vaquer à ses occupations.

      Mais ce week-end d’avril, tout bascula. Les retrouvailles quelques jours auparavant avaient été des plus chaleureuses. Le coeur gai, la joyeuse bande convint de fêter l’amitié la fin de semaine suivante. On fit tout d’abord à Marine la surprise d’une venue inattendue; son amie Elsa avait accompagné Clara depuis la Bretagne insulaire pour venir prendre part aux festivités. Et en effet, une petite fête fut donnée dans les appartements de Marine, qui venait par ailleurs d’élire domicile chez deux chevaliers teutoniques des plus aimables qui soient.

     Dès l’aube, ils allèrent se coucher. A midi à quatorze heures, ces jeunes gens décidèrent d’aller goûter aux traditions culinaires locales, le fameux Mustafa Kebab auquel nous avons déjà fait allusion dans un chapitre précédent. Après avoir savouré debout leur met à la quantité appréciable de légumes grillés, de menthe et de fêta, nos amis prirent la direction touristique mais non moins intéressante de l’East Side Gallery. L’heure était alors à la flânerie le long de ce mur chargé d’histoire qui dissimule toutefois la vue sur la Spree, rivière berlinoise.

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     Il fût alors temps d’admirer le typique Oberbaumbrücke ainsi que les Molecule Männer („hommes molécules“) structure de métal lacunaire représentant, selon l’angle de vue, deux ou plusieurs messieurs fort grands.

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    Le temps de traverser le pont, ils entrèrent en territoire Kreuzbergois, à mi-chemin entre le quartier branché et le squat hygiéniquement limite-limite.

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     Puis, à la hauteur du Badeschiff, la mise en abyme de la piscine au beau milieu de la Spree, et du Club der Visionär, fameuse boîte de nuit à jeunes gens de Berlin; Julien s’adonna à une petite séance de shooting pour Mise au Green (oui Mise au Green, pas Hugo Boss ou The Kooples, faut pas déconner non plus – surtout quand on met des pantalons beiges).

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      Lorsque vint le jour du seigneur, la joyeuse équipée se retrouva pour un brunch sur la colline de Prenzlauer. Caroline posa ses ray-ban sur son nez tandis que le soleil éblouissait son menu „Fée dragée“ disposé en pièce montée. En effet, le printemps était venu se glisser délicieusement et faisant flotter dans la ville son doux parfum. Julien, comme à son habitude, commanda un Latte Macchiato afin de parfaire sa panoplie du parfait petit prenzlauerbourgeois. L’après-midi, ils prirent la direction du Mauerpark et de son Flohmarkt afin de profiter assis dans l’herbe, à humer l’odeur des barbecues sauvages et rudimentaires des berlinois bien équipés.

     Ici s’achève l’aventure de Marine, Clara, Julien, Elsa et Caroline. Qu’ils vivent heureux, et aient beaucoup d’enfants qu’ils élèveront à Prenzlauer Berg en même temps que leurs carottes bio.

* Par souci d’anonymat, le nom des protagonistes a été modifié.

** Par souci de maintien de l’ordre public, je ne posterai pas la photo de groupe avec les couettes.