Winter is coming. Winter kommt.

Me voilà coincée dans cette pièce exigüe, cernée par quatre murs. M’y a-t-on vraiment forcée ? Par un raccourci de pensée oui, substantiellement non. Je n’étais pas obligée de le faire, mais c’était tout comme. Parfois la raison nous force à l’auto-discipline. J’ai donc pénétré dans ce lieu. Et désormais j’appréhende. La pression est grande car je sais que je ne pourrai y échapper. Cela est nécessaire, il faut que je le fasse. La petitesse de l’endroit où je me retrouve ne fait que renforcer l’impression qu’il est sur le point de s’effondrer sur moi. J’ai le sentiment que je suis observée et que mes moindres faits et gestes sont épiés, savamment calculés, comme si j’étais au cœur d’une expérience douteuse. A cette idée mes battements internes ne cessent d’augmenter sans que je leur en aie donné l’ordre. J’ai chaud, très chaud, subitement. Mais bientôt il fera froid. Quand l’hiver sera là, je ne donne pas cher de ma peau et regretterai même sûrement ce lieu. Je tente de m’emplir de courage en vue d’accomplir ma tâche. Ma tête cesse de réfléchir et met mon corps en mouvement. Je suis proche du but lorsque tout d’un coup la lumière s’échappe et me laisse dans l’obscurité la plus épaisse. J’ai du mal à respirer, et je n’ai pourtant qu’à moitié accompli mon devoir. Je suis proche du but, mais je dois redoubler d’effort. Plus je m’approche de l’objectif, et plus l’atmosphère devient étouffante. Je manque d’air et suffoque. Je n’y arriverai pas. Mon dernier souffle me permets toutefois de recouvrir la vue et l’odorat. Je peux enfin respirer. J’ai fait mon travail. J’ouvre les yeux mais je ne puis souffler mot. Devant moi se dresse la pire des abominations. Cet être à l’allure monstrueuse, dans le miroir en face de moi, m’a volé mon visage. C’est déroutant. Je m’imagine l’assistance riant aux éclats.

Je me sens soudain tout à fait ridicule.

J’ôte le vêtement en faisant le parcours inverse, sors de la cabine, le tend à la vendeuse avec un regard désapprobateur et comprends que non, ça ne sera pas possible pour moi d’acheter une doudoune pour cet hiver.

Rosenthaler Hof

NB: L’hiver à Berlin peut parfois atteindre les – 20 °C. On va rigoler.

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