J’aurais tant de choses à écrire sur mon

 

J’aurais tant de choses à écrire sur mon expérience berlinoise … Mais à un mois et demi de mon départ, j’ai le sentiment que le temps passé derrière mon écran signifie du temps en mois à profiter de la ville.

Je me vois donc dans l’obligation de délaisser ce blog pour vivre ma vie.

 

Un week-end de printemps idéal-typique au coeur du Saint-Empire romain germanique

 

      Avant cela, il y avait le froid, la pluie et la grisaille. L’humeur était certes à la fête, mais le moral n’était, avec le soleil, pas au beau fixe. La tristesse de nos jeunes amis avait atteint son paroxysme lorsque Clara et Sonia avaient dû quitter la ville pour obligation professionnelle – c’était en février. Julien, Marine et Caroline étaient alors demeurés seuls dans l’adversité. Puis il y a eu cette douloureuse – bien que temporaire – séparation, à la veille des vacances d’hiver. Chacun d’eux délaissa les autres près de deux mois durant, afin de vaquer à ses occupations.

      Mais ce week-end d’avril, tout bascula. Les retrouvailles quelques jours auparavant avaient été des plus chaleureuses. Le coeur gai, la joyeuse bande convint de fêter l’amitié la fin de semaine suivante. On fit tout d’abord à Marine la surprise d’une venue inattendue; son amie Elsa avait accompagné Clara depuis la Bretagne insulaire pour venir prendre part aux festivités. Et en effet, une petite fête fut donnée dans les appartements de Marine, qui venait par ailleurs d’élire domicile chez deux chevaliers teutoniques des plus aimables qui soient.

     Dès l’aube, ils allèrent se coucher. A midi à quatorze heures, ces jeunes gens décidèrent d’aller goûter aux traditions culinaires locales, le fameux Mustafa Kebab auquel nous avons déjà fait allusion dans un chapitre précédent. Après avoir savouré debout leur met à la quantité appréciable de légumes grillés, de menthe et de fêta, nos amis prirent la direction touristique mais non moins intéressante de l’East Side Gallery. L’heure était alors à la flânerie le long de ce mur chargé d’histoire qui dissimule toutefois la vue sur la Spree, rivière berlinoise.

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     Il fût alors temps d’admirer le typique Oberbaumbrücke ainsi que les Molecule Männer („hommes molécules“) structure de métal lacunaire représentant, selon l’angle de vue, deux ou plusieurs messieurs fort grands.

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    Le temps de traverser le pont, ils entrèrent en territoire Kreuzbergois, à mi-chemin entre le quartier branché et le squat hygiéniquement limite-limite.

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     Puis, à la hauteur du Badeschiff, la mise en abyme de la piscine au beau milieu de la Spree, et du Club der Visionär, fameuse boîte de nuit à jeunes gens de Berlin; Julien s’adonna à une petite séance de shooting pour Mise au Green (oui Mise au Green, pas Hugo Boss ou The Kooples, faut pas déconner non plus – surtout quand on met des pantalons beiges).

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      Lorsque vint le jour du seigneur, la joyeuse équipée se retrouva pour un brunch sur la colline de Prenzlauer. Caroline posa ses ray-ban sur son nez tandis que le soleil éblouissait son menu „Fée dragée“ disposé en pièce montée. En effet, le printemps était venu se glisser délicieusement et faisant flotter dans la ville son doux parfum. Julien, comme à son habitude, commanda un Latte Macchiato afin de parfaire sa panoplie du parfait petit prenzlauerbourgeois. L’après-midi, ils prirent la direction du Mauerpark et de son Flohmarkt afin de profiter assis dans l’herbe, à humer l’odeur des barbecues sauvages et rudimentaires des berlinois bien équipés.

     Ici s’achève l’aventure de Marine, Clara, Julien, Elsa et Caroline. Qu’ils vivent heureux, et aient beaucoup d’enfants qu’ils élèveront à Prenzlauer Berg en même temps que leurs carottes bio.

* Par souci d’anonymat, le nom des protagonistes a été modifié.

** Par souci de maintien de l’ordre public, je ne posterai pas la photo de groupe avec les couettes.

Once upon a time in America

   

      J’ai décidé de voler à d’autres un bout de leur mobilité. La Freie Universität de Berlin nous offre presque deux mois de quasi-vacances. Sur le papier, c’est un laps de temps servant à la rédaction des devoirs à rendre pour le premier semestre. Mais vous le savez, il y a toujours un décalage entre l’expectatif et la réalité. Ah oui, j’ai parlé d’un double-diplôme ? A quel moment?

      J’en ai donc profité pour m’envoler vers le « Kanada », faisant de ce dernier le pays témoin de ma première expérience en terre américaine.

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       Je découvrais donc le pays en même temps que le commissaire Adamsberg de mon roman de Vargas emporté de France : Ottawa, la rivière de l’Outaouais, Gatineau. Ne revendiquant pas l’omniscience du narrateur, je vous avouerais qu’avant de me rendre sur place, je ne connaissais que (trop) peu de chose du Canada. Déjà l’immensité du pays sur la carte allait au-delà de ma capacité à me le représenter. Il ne s’agit là pas d’un mythe mais sans doute d’une exagération, j’avais emporté les pulls de grand-mère (oui, ma grand-mère que j’appelle « grand-mère » me tricote des pulls trop cool et tout parce qu’elle est trop cool et tout). Et finalement ma température corporelle n’a pas atteint les zéro degré et je ne ne me suis pas transformée en bloc de glace comme je l’avais pourtant prédit. Ironie du sort, je crois même qu’il a fait plus froid à Berlin. Arrêtons-nous là sur la discussion météo, qui intervient généralement au cours d’une conversation lorsqu’il n’y a rien d’intéressant à dire. Hum.

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     Je ne voudrais pas sombrer dans un article « le Canada c’est génial la France elle est trop naze », ou à l’inverse un article vantant les mérites du français développé et ayant entre autre le monopole de la langue française légitime (d’autres s’en chargent pour moi). Parlons-en de la langue ! La répartition linguistique est constitutive du Canada, elle structure le pays. Il est intéressant de constater une hostilité certaine entre les canadiens anglophones et francophones. Schématiquement, il y aurait : les canadiens anglophones et c’est tout, les québécois francophones et c’est tout, et les paumés qui correspondraient aux francophones anglo-friendly. C’est là mon avis, je pense qu’il existe un sentiment sans doute inconscient d’auto-suffisance de la langue anglaise. Tous les canadiens savent parler l’Anglais, mais les anglophones n’ont pas forcément de connaissance en Français. Ce phénomène parmi d’autres a entraîné un renfermement des québécois « pure souche » autour de la langue et de la culture française, refusant parfois l’utilisation de tout mot anglais (ce qui explique les traductions douteuses telles que « toast » qui deviendrait « rôti » (on parle bien de la tranche de pain de mie qui a fait un tour au grille-pain). Au milieu, les franco-ontariens (les francophones de la région Ontario) et les québécois « modérés » peinent à poser les bases solides d’une existence culturelle et identitaire.

     

     J’ai pu en un mois parcourir le pays et même franchir la frontière étasunienne. J’ai donc eu droit au fameux bouts de papier vert et aux questions pertinentes et aptes à neutraliser les terroristes potentiels à la frontière telles que : « […] entre 1933 et 1945, avez-vous participé en aucune façon à des persécutions perpétrées au nom de l’Allemagne nazie et de ses alliés ? ». Toutefois, l’arrivée dans le bus du gorille de la douane à l’accent américain qui vous pose un tas de questions indiscrètes est, je dois le dire, plutôt impressionnante. Aux Etats-Unis, on ne rigole pas, ni avec la sécurité, ni avec l’immigration; on l’aura bien compris. Heureusement le portrait d’Obama dans le poste de frontière adoucit un tant soit peu l’atmosphère..

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          * Montréal m’est apparue comme une ville agréable à vivre, à mi-chemin entre la grande ville et le village. La nature résiste aux buildings et la ballade au Mont-Royal est une véritable transhumance miniature (le calme des sentiers haute-saônois déserts en moins et la tonne de touristes en plus).

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          * Toronto est une ville surprenante. Une New-York en puissance, avec un lot de gratte-ciels dignes de ce nom. Mais lorsqu’on fait face à l’étendue de nature que constitue le lac, on sait qu’il s’agit bien d’une ville canadienne qui offre la possibilité de respirer.

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         * Et j’ai eu l’occasion de visiter New-York, ville démentielle et magnifique qui mériterait un article – un blog entier ? – à elle toute seule. La démesure américaine est palpable, mais la configuration de la ville entre buildings immenses, coins verts et structure insulaire rend NYC belle et agréable à vivre.

      Au retour, je suis seule dans le bus, en compagnie de mes tonnes de bagages. Le bus entier est aux petits soins pour la petite jeune dont le retour en France a été révélée grâce à la curiosité d’un des passagers. Le conducteur lui-même me demande si je suis bien sûre de savoir où se trouve la station de bus et me donne l’itinéraire. Ma voisine me le répète pour s’assurer que j’arrive à bon port. Je ne voudrais pas généraliser sur la mentalité canadienne suite à quelques expériences, mais c’est en tout cas un sentiment de bienveillance que je garderai de ces habitants.

      Je m’aperçois que j’ai encore un millier d’anecdotes à partager alors que j’en ai déjà bien trop dit. Je vous épargne donc la rédaction de paragraphes sans air et vous fait la liste de choses typiques qui ont marqué mon voyage au pays-du-caribou-en-folie:

  • Le rayon de supermarché consacré aux cheddar, blocs de gouda sans goût, le tout à 7$ minimum.

  • Le rayon fruits et légumes OGM où la pomme est couleur pomme d’amour sauf qu’il manque le « d’amour ».

  • L’ambiance à l’américaine conférée par les feux routiers jaunes suspendus.

  • L’inexistence de l’expresso au Tim Horton’s et au Second Cup (mais des muffins à 1$49!)

  • Le bar qui fait karaoké le jeudi soir où les étudiants chantent à tue-tête les Backstreet Boys.

  • Le prix – de n’importe quoi – déjà exorbitant encore plus exorbité par l’ajout des taxes et des « tips ».

  • Le bus Greyhound, et même que ça veut dire « lévrier » en Anglais.

  • Les pancakes au sirop d’érable.

  • L’omniprésence des écureuils, véritables pigeons canadiens.

  • La découverte d’une différence entre l’accent franco-ontarien et l’accent québécois.

  • La taille XXL des sodas à 80 cents.

  • Les bus scolaires et les taxis jaunes.

  • Le Cream Cheese Bagel.

  • Les rues habitées par des petites maisons elles-mêmes habitées par des étudiants.

  • Le déblayage des rues canadiennes par des engins qui n’existent qu’au Canada la nuit.

  • La poutine.

Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Notre voyage effroyable est terminé

O Captain! My Captain! our fearful trip is done;

Le vaisseau a franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée

The ship has weather’d every rack, the prize we sought is won;

Le port est proche, j’entends les cloches, la foule qui exulte,

The port is near, the bells I hear, the people all exulting,

Pendant que les yeux suivent la quille franche, le vaisseau lugubre et audacieux.

While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring

Walt Whitman

L’avion, c’est un fer à repasser qui vole.

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     C’est l’heure de l’embarquement. Il est désormais temps de prendre son courage à deux mains (ou de prendre un cacheton de Lexomil) et d’entrer dans le sas qui nous relie à l’avion. Cette fameuse passerelle entre le monde terrestre et céleste, sorte de brèche spatio-temporelle témoin de notre dernier moment en ce bas monde. C’est presque par magie qu’à l’issue de ce sas – qui pire que de nous emmener dans une maison filmée vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept – débouche en réalité sur l’avant de l’appareil.

      C’est le moment de jeter un œil dans la cabine et de faire un bilan complet de l’état de santé des pilotes. La première épreuve est de survivre au constat que le pilote a au moins 137 ans et qu’il est en train de roupiller sur son siège. Car il n’est pas n’importe quel travailleur qui s’endort 20 minutes devant Elise Lucet au 13 heures afin d’être d’aplomb pour son après-midi de travail. Non, le job de ce mec, c’est de ne pas faire mourir les autres. Premier moment de panique. Ce sentiment qui ronge d’aller réveiller papi pour lui asséner qu’on lui confie sa vie, rien que ça! Après avoir refoulé cette pulsion qui si elle se concrétisait nous ferait passer pour un con, commence la phase du développement inconscient de stratégies afin de s’auto-rassurer.

      La vue sur l’aile de la machine est l’occasion d’en scruter les moindres détails et de guetter tout ce qui paraît louche dans l’assemblage des différentes pièces, comme si l’on était ingénieur en aviation depuis des années, capable de déceler les éventuels problèmes techniques. Ceci procure au moins l’auto-satisfaction tout à fait artificielle d’avoir le contrôle sur ce qu’on est en train de vivre.

     Le moment passé dans l’avion est fort de considérations philosophiques. Il donne lieu à la formulation d’insultes envers soi-même sur son haut niveau de stupidité et son insouciance candide : « Mais qu’est-ce que je fais là ? » « Pourquoi n’ai-je pas pris le train, le bateau, fait du stop, loué un dromadaire ? » « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? ». Pour Hobbes, l’individu renonce à une part de sa liberté qu’il confie à l’Etat afin que ce dernier assure sa sécurité – enfin, un truc dans le genre. Dans un avion, on autorise au contraire une confiscation totale de sa sécurité par le pilote, en échange d’un morceau de liberté : faire Paris-Berlin en 1 heure 23 minutes. L’avion serait donc un Léviathan inversé. Preuve en est, l’avion ne navigue pas sur l’eau mais flotte bien dans les airs.

Le clin d'oeil à FFVIII est en bonus

Le clin d’oeil à FFVIII est en bonus

    

      Etre seul parmi la foule. Ceci s’applique tout à fait à un voyage en avion, même si le surinvestissement de son cerveau à cause du stress peut amener à des formes de schizophrénie. Toutefois, on peut quand-même se servir des autres pour faire descendre un tant soi peut la pression. Il suffit de regarder attentivement les faciès des passagers habités par le démon de la peur pour se dire que, quand-même, il y a pire que soi. La vue des faux téméraires qui font semblant de lire pendant le décollage pour faire comme si ça leur était égal est aussi source de réconfort, lorsqu’on a compris la mascarade.

      Et là, début de la troisième guerre mondiale. Les moteurs ronronnent et la bête colossale se met en marche. « Armement des toboggans » ; non mais il nous prennent pour qui ? N’ont-ils rien trouvé de mieux pour nous rassurer que des toboggans, comme à la piscine ? Et pour plonger où d’abord ? La crédibilité de la dame qui gigote ses bras dans tous les sens en parlant de toboggans en plastique jaune comme gage de la sécurité de l’ensemble des passagers de l’avion laisse perplexe. Heureusement que pour le vol, il reste les gilets de sauvetage en-dessous des sièges. Se persuader alors que le fameux « gilet de sauvetage » possède une option parachute, ou que finalement on a confondu les deux mots. Peut-être même qu’il y aura des Grands Aigles des Monts Brumeux dans le coin, on ne sait jamais.

LOTR eagles

      Le pire moment arrive. Le monstre d’acier accélère, déploie ses ailes et s’envole dans les cieux en suivant une diagonale à l’inclinaison continue et parfaite. Il faut désormais se convaincre que non, notre petit cœur qui bat pourtant si fort et qui reste cloué au siège à cause de la propulsion ne va pas exploser. Ca n’explose pas comme ça un cœur humain, après tout. L’ « arrivée » au-dessus des nuages et le retour à l’horizontale nous laisse un moment de répit et de soulagement d’environ un quart de seconde, soit le temps de se rendre compte que non, nos petits pieds ne toucheront pas le sol, le vrai et pas celui qui flotte dans les airs, de si tôt.

     Ajouté à cela le bouchage semi-complet des oreilles, c’est le désemparement le plus total. Notre solitude dans le malheur et le diktat de l’angoisse nous pousse à observer de temps à autres les hôtesses et stewards « chargés de notre sécurité ». Mais si vous savez, les chargés de sécurité, ceux dont le petit pims rouge peut vous sauver la vie en cas d’accident et de chute de l’avion à 10,000 mètres d’altitude et à 800 kilomètres/heure. Leur expression faciale – à nouveau – apparaît comme une jauge de la proportion à crier hystériquement qu’on va tous mourir.

      L’arrivée du chariot d’en-cas et boisson est un petit réconfort qui nous fait dire que le marketing n’est pas si mauvais. Le concept « gavons-les pour qu’ils arrêtent de réfléchir » est bien pensé, je le concède. C’est le moment, après avoir exploré le champ des possibles, de commander du jus de pomme et un sandwich oeuf-salade. Et de s’apercevoir quand le chariot nous a dépassé qu’ils avaient du coca dans une petite canette cachée dans un tiroir, si si, le mec de derrière vient d’en prendre un. Un malheur n’arrive en réalité jamais seul. La dernière occupation à l’aspect positif non négligeable qu’il nous reste étant de regarder les villes à taille humaine, il est temps de se pencher sur le hublot pour admirer la vue. Malgré un froncement de sourcils qui donne l’air intelligent, l’épaisse couche de nuages et de brouillard met fin à l’opération. Qu’est-ce que je disais déjà, sur cette histoire de malheur ? Heureusement l’épuisement prend le pas sur le reste et permet enfin de s’abandonner un instant grâce à une sieste ; quand le pilote annonce le début de l’atterrissage.

Qu’on en finisse.

Et pendant ce temps là, à la porte F26 de l’aéroport Charles de Gaulle 2.

     C’est depuis l’aéroport que je me décide à blablater sur ma vie.

      Les sandwiches à l’oeuf d’Airfrance ne sont certes pas mauvais, mais ce n’est pas une raison pour faire partir tous ses vols avec du retard. C’est la deuxième fois que je me retrouve assise au terminal de ce cher Charles, à contempler les flux internationaux de personnes. Je m’adonne donc à mon jeu favori : il suffit de sélectionner un de ses camarades d’attente interminable, de le scruter de haut en bas et de deviner, en se fondant sur des critères tout à fait arbitraires et inconsistants – tels que la couleur de cheveux et le degré de bronzage post-vacancier – d’où il vient, où il va et surtout, pourquoi il y va.

      L’heure est plutôt à la nostalgie alors que je m’apprête à reprendre la route des airs pour Berlin. Le retour dans la famille pour les vacances de Noël est une véritable bouffée d’air frais, mais au moment du départ, c’est particulièrement dur. J’ai depuis que j’ai quitté ma maison il y a 3 ans toujours l’impression d’être sur la route. Les quais de gare, la bouteille de Coca Light Relay et le moelleux au chocolat au prix outrageux de l’ami Paul sont presque devenus mon deuxième foyer.

      Mais je ne suis pas du genre à me laisser abattre, et j’essaie toujours de positiver. Je le sais, cela ira tout de suite mieux lorsque je poserai mes pieds sur le sol berlinois. Mais entre ce que l’on sait, ce qu’on voudrait se voir faire, et ce qu’on fait, il y a un fossé de la taille du no-man’s land entre Ost- et Westberlin. Et puis, si je n’avais pas eu ce moment de nostalgie, je n’aurais sûrement pas saisi mon clavier pour raconter mes aventures.

      Cette année le Noëlan fut un grand cru. Pour les profanes, le Noëlan est un terme breveté désignant par une contraction savante une période de non-sens s’écoulant entre les bornes chronologiques du 24 décembre au soir et du 1er janvier au mati.., enfin au mid..; disons jusqu’au soir du jour de l’an, qui n’a donc plus rien d’un jour puisqu’on ne le voit même pas. Tout aussi scabreux que sa tentative de définition, le Noëlan dans son contenu consiste en une semaine de fête en continue, caractérisée à la fois par un coucher et un lever tardifs de ses membres. Cette manifestation a le plus souvent lieu dans un endroit appelé « Le Couchant » – vous apprécierez le décalage ironique entre le nom de l’endroit des hostilités et la teneur de l’évènement, dont le trait caractéristique fondamental vient d’être énoncé ci-dessus. Détrompe-toi cher lecteur, loin d’être dépourvu de toute activité intellectuelle, le Noëlan est l’occasion pour ses participants de défier leur culture générale acquise tant bien que mal d’une année sur l’autre pour épater la galerie l’année suivante, autour d’un jeu à la notoriété scientifique incontestable et au célèbre Gros Miam d’animateur: le « Questions pour un Champion ». L’usage coutumier du « Burger Quizz » a été mis de côté en raison d’évènements douteux liés à la pratique de ce jeu, et dont les fondements rationnels sont jusque lors inexpliqués. En outre, véritable « moment culturel », le Noëlan est l’occasion de rites séculaires et séculiers autour d’un totem en plastique rouge : le dodo.

     Il faut parfois savoir ne pas se perdre dans les détails surtout lorsque tout ce qui sera dit pourra être retenu contre soi, je n’irai donc pas plus loin.

     Je suis maintenant rentrée dans ma capitale allemande qui me plaît tant. L’endroit m’est familier, comme ce S-Bahn à la fréquentation hasardeuse, en particulier lorsqu’on approche de Warschauer Strasse un soir de week-end, à des heures où l’ont ferait mieux de faire coucou à Morphée. Il ne s’agit donc plus de plonger dans un univers tout à fait inconnu mais bien de retrouver et de prolonger ses petites habitudes de Berlinoise accomplie – 4 mois d’existence en ville tout de même !

     Les Vosges, Paris, Strasbourg, Berlin, la vie est faite de voyages, de rencontres (im)probables et de valeurs sûres. Le Noëlan et les gens qui lui donnent vie sont mes valeurs sûres.

     Berlin me semble bien calme en ce lundi soir, la pauvre ne s’est sûrement pas encore remise de son Noëlan.

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Humeurs automnales

      Novembre est là.

      Novembre, c’est le pire mois de l’année. De vous à moi, c’est pour moi le mois qui sonne creux. Le mois de novembre est selon moi la plus difficile période à passer.

      Je m’en fais toujours tout un plat de ce mois qui sonne creux, et je prépare son arrivée avec angoisse. Et à coup sûr, à coup de prophétie auto-réalisante, me voilà perdue dans mes pensées nostalgico-mélancoliques lorsque novembre et ses copains maussades le gris et le froid débarquent.

      Le mois de novembre à Berlin c’est une grosse couche épaisse de brouillard des pieds jusqu’au ciel, du lever au coucher du soleil. Si tant est qu’il se lève un jour, ce soleil. Déjà le mot « soleil » est exagéré, car il ne faut pas se méprendre, une lumière aussi grise et dénuée de toute chaleur on ne peut pas appeler ça « soleil ». Concrètement, lorsque sonne seize heures trente, c’est rideau. La lumière se fait la malle.  Comment donc songer à l’ébauche d’éventuelles pensées positives susceptibles de nous aider à se ressaisir lorsque mère nature elle-même a décidé de nous tourner le dos ? Le soleil s’en est retourné en coulisses, les arbres se déplument, et même l’air est gris, gris comme le trottoir, à tel point qu’on se croirait parfois en lévitation dans un immense nuage de coton gris.

      Si ça ne tenait qu’à moi, je le supprimerais ce mois de novembre, et d’octobre on passerait directement à décembre. Car décembre, c’est un joli mois, avec la neige, le vin chaud et tout le blabla. « Décembre, ça réchauffe le coeur », comme dirait l’autre (Prévert ? Raimbaud ? Ah non, ma copine Cammie. Fleur). Et puis en décembre, il y a ce billet d’avion. Un allée simple pour un Noëlan familial prometteur. Ma môman m’a rendue visite en début de mois, mais elle a laissé germer en moi un début d’Heimweh, de mal du pays. L’air vosgien me manque, tout comme ses Tannenbäume.

      Tout ça à cause de moi et mon satané mois de novembre. Car détrompe-toi lecteur, cet article n’est pas un écrit de dépressive en émoi. Tout va bien ici. Je m’implante, je vois du monde, je m’amuse… et je commence à travailler pour la fac, doucement. Oh quand-même ! On n’est pas pressés. (Non, vous ne parviendrez pas à me faire culpabiliser).

      Aujourd’hui j’ai même compris la quasi-totalité de mon cours au titre incompréhensible ressemblant à peu près à « la jurisprudence européenne du tribunal constitutionnel fédéral allemand de Solange I aux décisions postérieures aux traité de Lisbonne ». Croyez-le ou non, j’ai (presque) tenu la totalité du cours sans aller sur Facebook ou autre site de journaux français (Bon, j’y suis peut-être allée juste une fois (ou deux)). Rappelons qu’il y a quelques semaines, des amies dont je garderai l’anonymat par peur de représailles et moi-même nous sommes inscrites à un cours intitulé « Stepptanz » persuadées de faire un genre de step-aérobic alors qu’il s’agissait d’un cours de… claquettes. Il y a donc progrès !

 

« Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon coeur

D’une langueur

Monotone

. . .

Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l’heure,

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure

. . .

Et je m’en vais

Au vent mauvais

Qui m’emporte

Deçà, delà,

Pareil à la

Feuille morte ».

. . .

Chanson d’automne

Paul Verlaine

Au 22 de l’Ihnestraße.

     C’est une petite plaque noire posée là. Elle ne paie pas de mine comme ça, elle se fond dans le paysage, et le passant lambda n’y prête pas tellement attention. Elle fait partie de la déco du tout mignon petit bourg de « Dahlem », au Sud-Ouest de Berlin, où les américains ont construit l’ Université Libre de Berlin, la « Freie Universität ». Elle est posée sur ce bâtiment en face de l’Institut de sciences politiques de l’université, l’«Otto Suhr Institut ».

Chaque fois que je me rends à la fac, c’est-à-dire trois jours par semaine, je passe devant cette plaque. Elle fait donc pour ainsi dire partie du quotidien des étudiants allemands.

Et un jour il me prend, entre deux cours, de poser mes yeux sur cette petite plaque que je suppose être en bronze.

     J’apprends que ce bâtiment-là, où se déroulent les trois quarts de mes cours, ou je pose tranquillement mon fessier en dressant mes oreilles pour écouter ce qui se dit dans mon cours intégralement en langue germaine, est chargé d’histoire. Une sacrée histoire même, un passif qu’on peut clairement qualifier de lourd. En effet, mon cerveau intègre que le 22 de l’Ihnestraße était le point de rendez-vous des médecins nazis des camps, qu’ils y ont élaboré leurs plans. Je vois notamment le nom de « Joseph Mengele ». Les informations accumulées dans les livres, cours, reportages et visites défilent dans ma tête sans que je ne parvienne à stopper la bande. Je sais ce que cela représente. Cela fait un moment que j’ai pesé l’horreur de l’histoire, et pourtant je me la prends à nouveau en pleine face.

Cette petite plaque fait partie de l’histoire allemande. Une histoire qui n’est pas réductible à la période nazie, mais quand-même, ça n’est pas un tout petit rien, cette histoire-là. Ce n’est pas une histoire qu’on raconte par-ci par-là, ni qu’on prend à la légère comme s’il s’agissait d’un détail.

Et les étudiants allemands doivent composer avec ce passif là, chaque jour, lorsqu’ils se rendent en cours, sur le chemin de leur propre trajectoire de vie. Chaque jour, on leur rappelle consciencieusement ce qui s’est passé dans ces mêmes murs. Et c’est à eux de ré-exploiter les lieux, de les réinvestir de façon intelligente et constructive. Et c’est justement la raison pour laquelle l’avenir leur appartient.

Photo: Le musée d’Anne Franck situé dans le passage de la Rosenthaler Straße. La présence du passé et l’écriture de l’avenir.

Ode à Erasme

Je suis en classe de première et je m’interroge sur mon avenir. Je sais que plus tard je voudrais bosser dans un truc en lien avec la politique, mais je n’ai pas encore d’idée précise. Sciences Po m’apparaît comme une école dont les bancs sont remplis d’étudiants semi-dieux beaucoup plus beaux et intelligents que moi. Je feuillette le site internet de cette école trop bien pour moi et tombe sur l’année de mobilité. Il paraît que le directeur a décidé il y a quelques temps qu’en troisième année, les élèves seraient envoyés à l’autre bout du monde pour apprendre la vie …

Pour être honnête, ce n’est pas mon rêve que de partir étudier un an à l’étranger, ça m’effraie même, mais ça ne serait pas plus mal pour moi et mon apprentissage des langues étrangères. Décidément, cette école me plaît et je ne parviens pas à me bâtir un parcours universitaire autre susceptible de me convenir, alors pourquoi pas ? Une longue bataille interne à mon être entre « tu n’es pas si bête que ça » et «tu n’y arriveras jamais » commence. Et au mois de juillet, j’intègre Sciences Po Paris. Après une année, on commence à me parler de l’année de mobilité et en un peu plus de trois mois, je décide de partir en Allemagne. Je suis animée par un sentiment mitigé, je trouve cela injuste de me forcer à partir alors que je commençais à prendre mes marques à Paris. Je dois avouer que je serais bien restée en France une année de plus.

Les résultats des affectations tombent à l’orée de l’année 2012. L’information arrive à mon cerveau que je m’envolerai en septembre pour la capitale allemande où un gentil double-diplôme en science politique m’attend. Toutefois, la satisfaction d’être envoyée là où je l’avais souhaité prend le pas sur le stress naissant. Au cours de la journée, la question fatidique est posée plus d’un million de fois dans les enceintes du 27, rue Saint-Guillaume : « Alors, tu pars où en 3A?? ».

Qu’on se le dise, le deuxième semestre de la deuxième année à l’IEP prend fin le jour de la publication des résultats d’affectation de mobilité. Le reste du semestre s’effectue de façon mécanique, le regard perdu vers la vitre en tentant de s’imaginer comment c’est, là-bas…

Il y a évidemment un hic – pour ceux qui restent dans l’hémisphère nord – l’été. Car après trois mois de folie avec ses proches, c’est l’heure de partir. Ce n’est pas une mince affaire que de quitter les gens auxquels on tient, et de dire au revoir à tous ses repères ; mais ça se surmonte. Car en parallèle, l’excitation liée à l’éminence du départ est telle qu’on meurt d’envie de partir, enfin.

Chaque expérience est singulière et je parle évidemment en connaissance de mon propre vécu. L’arrivée à l’étranger est forcément quelque chose de déroutant, surtout lorsqu’on sait qu’on est sur le point de rester une année entière, soient 10 mois et demi, soient 320 jours, dans cette ville nouvelle. Mais avec un bon état d’esprit, un peu de bonne volonté et d’ouverture, l’adaptation en Allemagne s’avère très facile.

La troisième année, c’est le moment de se retrouver égoïstement avec soi-même. Égoïstement dis-je, mais d’un autre côté, on a bien été obligé de quitter maman et les copains et de se retrouver seul, au début du moins. J’ai signé à l’origine pour un double-diplôme en me disant qu’il s’agissait là d’une vraie occasion académique. Mais je comptais bien profiter de mon temps libre pour faire un peu la fête dans cette ville top cool, même si je n’étais pas du tout dans l’idée « Berlin c’est trop underground je veux absolutely aller there ! ». 

« Un peu la fête ». Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’avis.

Les cours de langue ont commencé début septembre, c’est-à-dire 4 heures d’Allemand par jour, c’est-à-dire un groupe de 15 étudiants internationaux, c’est-à-dire les Erasmus-partys du week-end, c’est-à-dire le début de l’année de mobilité.

En lisant les rapports des années précédentes, on se dit évidemment qu’on ne tombera pas dans le piège de l’année Erasmus, mais je pense que c’est en réalité une étape essentielle pendant les premiers pas à l’étranger. Quel bonheur de rencontrer tous les drapeaux du monde, toutes les réalités nationales qui y sont liées, et toutes les insultes qui vont avec bien entendu. Et quel plaisir de relacher la pression un court instant – enfin le temps d’un cinquième mois de vacances – avant le début des cours… Mais le moment venu, il faudra bien entendu cesser de fréquenter les boîtes de nuit à touristes et tenter progressivement de rentrer dans des clubs typiques berlinois. Etape par étape, il s’agit de parfaire son intégration en testant celui-ci ou celui-là, pour après répondre fièrement à une des grandes questions posée ici dans la capitale allemande : « Alors t’es allé dans quel club hier soir ? ». Le graal : le Berghain, connue pour être la meilleure boîte de Berlin, ouverte sans interruption du vendredi soir au lundi matin, avec des black room ettoutetout, et avec à l’entrée un videur qui se donne le droit de refuser arbitrairement 1 personne sur 2. J’en connais pour qui l’entrée au Berghain est l’objectif numéro de cette année en Germanie…

Je ne sais pas si j’apprends réellement la vie, mais j’en apprends plus sur moi. La troisième année est une année métaphysique même si on ne réfléchit pas trop, qu’on se laisse vivre, porter dans cette terre encore inexplorée et dans les méandres de la très riche langue allemande. Et c’est précisément cela qui est formateur.

Ami ou cousin, le sort de la bourse Erasmus sera bientôt scellé, mais quoiqu’il advienne je n’aurais qu’un conseil: pars. La France c’est bien, une année à l’étranger c’est mieux.

Winter is coming. Winter kommt.

Me voilà coincée dans cette pièce exigüe, cernée par quatre murs. M’y a-t-on vraiment forcée ? Par un raccourci de pensée oui, substantiellement non. Je n’étais pas obligée de le faire, mais c’était tout comme. Parfois la raison nous force à l’auto-discipline. J’ai donc pénétré dans ce lieu. Et désormais j’appréhende. La pression est grande car je sais que je ne pourrai y échapper. Cela est nécessaire, il faut que je le fasse. La petitesse de l’endroit où je me retrouve ne fait que renforcer l’impression qu’il est sur le point de s’effondrer sur moi. J’ai le sentiment que je suis observée et que mes moindres faits et gestes sont épiés, savamment calculés, comme si j’étais au cœur d’une expérience douteuse. A cette idée mes battements internes ne cessent d’augmenter sans que je leur en aie donné l’ordre. J’ai chaud, très chaud, subitement. Mais bientôt il fera froid. Quand l’hiver sera là, je ne donne pas cher de ma peau et regretterai même sûrement ce lieu. Je tente de m’emplir de courage en vue d’accomplir ma tâche. Ma tête cesse de réfléchir et met mon corps en mouvement. Je suis proche du but lorsque tout d’un coup la lumière s’échappe et me laisse dans l’obscurité la plus épaisse. J’ai du mal à respirer, et je n’ai pourtant qu’à moitié accompli mon devoir. Je suis proche du but, mais je dois redoubler d’effort. Plus je m’approche de l’objectif, et plus l’atmosphère devient étouffante. Je manque d’air et suffoque. Je n’y arriverai pas. Mon dernier souffle me permets toutefois de recouvrir la vue et l’odorat. Je peux enfin respirer. J’ai fait mon travail. J’ouvre les yeux mais je ne puis souffler mot. Devant moi se dresse la pire des abominations. Cet être à l’allure monstrueuse, dans le miroir en face de moi, m’a volé mon visage. C’est déroutant. Je m’imagine l’assistance riant aux éclats.

Je me sens soudain tout à fait ridicule.

J’ôte le vêtement en faisant le parcours inverse, sors de la cabine, le tend à la vendeuse avec un regard désapprobateur et comprends que non, ça ne sera pas possible pour moi d’acheter une doudoune pour cet hiver.

Rosenthaler Hof

NB: L’hiver à Berlin peut parfois atteindre les – 20 °C. On va rigoler.

Ich werde eine Berlinerin !

      Ca y est, j’ai le sentiment que « Ich [werde] eine Berlinerin ! » Et qu’est-ce qui me fait penser que je deviens une vraie de vraie ? Vous êtes sceptique ? Vous pensez que c’est trop tôt ? Vous êtes du genre à pas lâcher parce qu’on vous a dit qu’avoir l’esprit de contradiction, c’était une qualité ? Dans tous les cas, vous méritez bel et bien une explication, et par l’image s’il vous plaît ! Promis, Je ne vais pas vous faire un énième tableau classico-chiant des comparaisons entre nos chers pays voisins. Mais il y a tout de même deux trois signes marqueurs de mon adaptation berlinoise…

      Tout d’abord, parce que pour le dîner, je me prépare ça :

Schwäbische Maultaschensuppe

      Et parce qu’avec ceci, je bois ça :

      Je me dois cependant d’être honnête avec vous et vous avoue que mon intégration par la bière n’est pas tout à fait bien réussie. Le berlinois boit de la bière. Mais il ne fait pas que « boire de la bière », d’une façon tout à fait banale et sans aucun intérêt, comme nous petits français blasés. Non. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse beau ou nuageux ; qu’il soit minuit, midi, huit, six, ou dix heures du matin ; dans la rue, chez lui, au restau, entre amis ou dans le métro, le berlinois BOIT de la bière. Tiens, ça m’évoque vaguement un sketch des inconnus qui parle d’un rockeur et d’un crachat … non j’ai beau chercher, je ne vois pas.

      Puis parce que quand je suis assise dans le S Bahn j’écoute ça* :

http://www.youtube.com/watch?v=p450mjB3mxc

*(ceci est une dédicace à quelqu’un qui est loin et qui me manque tabernaclement)

Je suis maintenant convaincue que l’électro a été inventée dans le seul but de seoir à la ville de Berlin la nuit.

NB pour ceux que j’aurais éventuellement perdu en chemir: « seoir », verbe, aller bien à quelqu’un, convenir à sa personne. Ex : « Que nenni monseigneur, cette cotte de maille lui sied à merveille ! »

      Parce que dans deux semaines j’habiterai là : …

avec Irene (Deutschland), Peter (Deutschland/Slowakei), Philip (Belgien) (=>clique sur l’image)

      Mais aussi parce que quand je dois débourser plus de 3€ pour un doner kebab, je crie au scandale inflationniste. C’en devient presque jubilatoire, avec les coupains, de dédaigner un bar « trop cher » du fait d ‘un coktail estimé à 4€.

(en l’occurence ceci est une photo du Mustafa Gemüsekebab, un des meilleurs kebab de la capitale, localisation : U Mehringdamm, prix: 2€90)

      Et enfin parce que je porte ça :

      Ahahah la bonne blague, plutôt voter Copé à la présidence de l’UMP que de porter ces horreurs. Vous pensez vraiment que les Allemands ont le cran de porter ce genre de trucs ? Vous, depuis votre pays si familier et développé, vous avez déjà imaginé l’espace d’une seconde, qu’un allemand pourrait visiter le Bundestag doté de sandales chaussettes ? Et bien figurez-vous que … oui, c’est le cas.

Vraiment, tant d’ethnocentrisme moqueur, moi, ça me débecte.

      Mais il y a malgré tout des constantes.

      Je dirais même plus, voudrais-je le faire exprès que je n’y arriverais pas. Les germanistes s’en émouvront, après l’avoir comme vous tous étudié en classe de quatrième, troisième, seconde, terminale et 2 fois à SciencesPo, il me faut faire 900 bornes et arriver dans le pays convoité, pour me re-farcir du Thema « Integration ». Amis de Turquie, d’ex-Yougoslavie ou de Tripoli, je vous aime autant que mes hôtes mangeurs de Brötchen, mais c’est un peu comme avec le Curry Wurst, je suis arrivée à saturation.

Mes chers compatriotes, Tschüssitschüss!!